« Je ne veux pas d’enfant », le choix de plusieurs femmes, jugé encore trop tabou.

« Pourquoi tu ne veux pas d’enfant ? », « Tu es encore jeune, tu changeras d’avis plus tard », « Tu es une femme et tu ne veux pas d’enfant ? », dans une société qui veut nous faire entrer dans des cases tout en suivant les différentes normes imposées, il est encore trop tabou pour une femme d’exprimer son choix de ne pas vouloir d’enfant sans se faire juger ou qu’on lui dise qu’en tant que femme, c’est son devoir de donner la vie. Et pourtant, une étude menée auprès de 2000 personnes par la VUB, démontre que 13% des Belges de 25 à 35 ans ne veulent pas d’enfant. Mais quelles sont les raisons ? Comme à notre habitude, nous avons recueilli les témoignages de deux femmes, Sarah, 31 ans et Andréa, 27 ans, qui nous expliquent leurs raisons, bien qu’il en existe d’autres et que chacun à ses propres raisons de ne pas vouloir d’enfant.
Le manque d’instinct maternel
Certaines femmes ne ressentent pas cet instinct maternel et ce besoin d’avoir un enfant, de le cajoler et de le protéger. C’est le cas de Sarah. Depuis qu’elle est petite, elle n’a jamais manifesté l’envie d’avoir un enfant, ni même d’avoir des poupées. Elle nous explique que pour elle, les enfants en bas âge lui sont insupportables et qu’elle ne ressent pas ce besoin d’aller les protéger. Cependant, elle ressent davantage d’empathie pour les animaux ou les adolescents.
« Depuis que je suis petite, je me dis que c’est bien que la majorité des gens aiment les enfants et veulent en avoir, mais il faut aussi des personnes qui ont plus d’empathie pour les animaux ou pour les adolescents, que les gens « détestent » parce qu’ils sont difficiles. Mais moi par contre, je ressens plus d’empathie pour les adolescents que pour les enfants plus jeunes. » - Sarah
Pour Andréa, c’est plus la grossesse qui ne lui fait pas envie. C’est quelque chose qui la terrifie beaucoup et elle ne ressent pas ce fameux besoin et désir que certaines femmes peuvent avoir à mettre un enfant au monde. Évidemment, en tant que femme, les hormones peuvent nous envoyer différents signaux ou messages pour nous montrer que notre corps est prêt à accueillir un enfant, mais psychologiquement, Andréa et beaucoup d’autres femmes ne sont tout simplement pas prêtes. Elles préfèrent garder leurs corps tels qu’il est plutôt que de confronter celui-ci à tous les changements qui peuvent subvenir pendant la grossesse.
« À mon âge, j’ai envie de vivre des choses et je n’ai pas envie de devoir changer tout mon mode de vie et faire subir quelque chose à mon corps qui ne me parle pas et qui n’est pas du tout en accord avec mes valeurs, mes idées et mes projets. Ce n’est pas que je n’aime pas les enfants, au contraire, je les adore, mais je n’en veux juste pas de moi. » - Andréa
L’impact écologique

Nous ne sommes pas sans savoir que nous sommes trop sur terre et que l’être humain consomme énormément d’énergies, de ressources et est très polluant. De plus, des milliers d’enfants sont abandonnés chaque année et sont placés soit dans des orphelinats, soit dans des familles d’accueil. Le fait de ne pas vouloir d’enfant ne signifie pas toujours que la personne ne voudra jamais des enfants, mais qu’elle n’en désire pas d’elle-même et c’est le cas d’Andréa. Pour le moment, elle a d’autres projets en tête avant de consacrer tout son temps à un enfant, mais elle nous confie que si un jour elle désir en avoir un, elle se tournera vers l’adoption. Elle préfère sauver un enfant de l’orphelinat où il est peut-être maltraité, plutôt que de donner la vie à un tout en sachant qu’il y en a plein qui sont venus au monde et qui sont abandonnés.
La responsabilité

Être parents ce n’est pas toujours facile, ça demande beaucoup de temps, de patience et d’énergie. Mais élever un enfant et faire en sorte que celui-ci évolue de manière à devenir une bonne personne est une très grande responsabilité que Sarah et Andréa ne sont pas prêtes à prendre. En tant que psychologue et personne hypersensible, Sarah nous explique qu’elle est consciente de la difficulté que c’est que d’être un être humain. Elle nous dit que dans son métier, elle voit parfois l’impact négatif qu’une enfance peut avoir sur la personne à l’âge adulte.
« Sans remettre la faute sur les parents, parce qu’ils font de leur mieux, mais quand je vois l’impact que ça peut avoir sur un être humain, je ne veux pas prendre la responsabilité de mettre un être humain sur terre et d’en être responsable. » - Sarah
C’est la même chose pour Andréa. Un enfant demande beaucoup de temps dans son éducation et dans son apprentissage. Pour elle, avoir un enfant est une décision importante parce que cela signifie qu’on est responsable de lui pendant les toutes premières années de sa vie et qu’il va reproduire tout ce qu’elle va lui montrer comme valeur, comportement, etc. Et même si elle se dit qu’en tant que mère, elle ferait de son mieux pour l’éduquer de la meilleure façon qui soit, elle n’est pas prête à avoir toute cette responsabilité sur ses épaules et se dire que s’il devient une mauvaise personne dans le futur, ce sera de sa faute.
La pression sociale
En tant que femmes, on nous dit souvent que c’est notre devoir d’avoir des enfants et que ce n’est pas acceptable de ne pas désirer en avoir. Sarah et Andréa ont déjà ressenti cette pression sociale. Plusieurs personnes leur ont déjà dit qu’elles étaient égoïstes de refuser de mettre un enfant au monde. Or, il n’y a rien d’égoïste, puisque l’enfant n’existe pas encore. De plus, en sachant les raisons pour lesquelles elles ne veulent pas d’enfant, il sera justement égoïste de leur part d’en avoir un et de succomber à cette pression sociale. Il est important aussi de rappeler que ce choix appartient personnellement aux femmes. Nous sommes toutes et tous libres de choisir ce qui est le mieux pour nous. Et ce n’est pas parce que la société veut nous faire entrer dans des cases que nous sommes obligés de le faire.
« Il y en a qui disent que je me mets dans la position de la sauveteuse à aller chercher un petit enfant malheureux, mais ça n’a rien à voir. C’est juste un besoin et je trouve ça égoïste de ma part de mettre mon corps au service de la survie de l’espèce humaine, ou de vouloir absolument que l’enfant vienne de moi alors qu’il y a tout un enjeu écologique derrière. » - Andréa
Quelques conseils
Beaucoup de femmes succombent malheureusement à cette pression sociale, qu’elle vienne de la société, des parents ou du conjoint. Cependant, rien ni personne ne peut nous obliger à faire quelque chose ou à suivre une norme si on n’en a pas envie. Et pour ce faire, Sarah et Andréa ont quelques mots à dire à toutes ces femmes qui ne sont pas encore sûres de vouloir un enfant :
- Prendre le temps d’y réfléchir et ne pas faire un enfant tant qu’on n’est pas sûr. On s’en fiche si à 30 ou 40 ans, on n’a pas encore d’enfant, il n’y a pas de bon âge pour en avoir un. Il faut juste être sûr de soi et être en accord avec soi-même.
- Ne pas oublier que c’est normal de faire des erreurs en tant que parents et qu’on n’est pas parfait.
- Il faut se questionner et ne pas faire un enfant juste pour soi. Questionner nos motivations profondes et questionner son partenaire, même si l’entourage met un peu des pressions. Lorsqu’on a un enfant, c’est une responsabilité qu’on aura toute notre vie. Il ne faut pas en faire un sur un coup de tête.
- Faire d’abord un travail sur soi-même et apprendre à être bien avec soi-même. Être conscient de nos points d’attention, de nos faiblesses, de nos blessures, pour éviter de les projeter sur l’enfant.
« Il ne faut pas suivre l’exemple de nos parents qui se mariaient tôt, et qui avaient des enfants. C’est encore une des normes de la société et à l’heure actuelle, il y a d’autres alternatives. » - Andréa