L’acceptation de son corps après l’accouchement, comment procéder ?
Donner la vie est quelque chose de merveilleux et que la plupart des femmes ont la chance d’expérimenter. Cependant, qu’en est-il de l’accouchement et des changements que cela apporte sur notre corps ? Malheureusement, il n’existe aucun suivi après l’accouchement pour aider les femmes à s’approprier ce nouveau corps avec ses nouvelles vergetures et kilos. La plupart d’entre nous avons déjà beaucoup de mal à aimer notre corps tel qu’il est avant la grossesse alors quand celle-ci vient « chambouler » tout notre équilibre, c’est une autre histoire. Nous avons eu l’occasion d’interviewer Audrey, femme de 34 ans et mère de deux enfants de 12 ans et 4 ans.

Les premiers mois après l’accouchement
Audrey nous raconte avoir vécu 2 grossesses totalement différentes. La première fois, on ne sait pas trop à quoi s’attendre et ce que cela va provoquer sur notre corps. L’après-grossesse de son premier enfant a été très difficile pour elle parce que ne sachant pas comment agir, elle a accordé tout son temps et son énergie à son enfant. Elle était complètement focalisée dessus au point de s’oublier elle-même. Elle nous explique que ce n’est vraiment pas la bonne chose à faire parce que si la maman n’est pas bien le bébé ne le sera pas non plus. Il est important de veiller à ce que nos envies et nos besoins primaires soient comblés. Ça fait partie du processus de récupération après l’accouchement et il ne faut pas les négliger.
Après s’être complètement délaissée suite à sa première grossesse, elle a décidé de changer cela pour la seconde. Mais cette fois-ci, ça a tourné à l’obsessionnel. Elle nous explique que le moindre kilo pris était un supplice psychologiquement parlant et qu’elle avait sans cesse peur de ne pas pouvoir les éliminer. Et pour le coup, elle ne s’est pas non plus accordé de temps de récupération puisqu’elle a de suite repris le sport puis éliminer les kilos qu’elle avait pris pendant sa grossesse.
« J’étais dans l’hyper-contrôle pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Je n’avais pas compris qu’il y avait un équilibre à trouver au milieu. »
Après l’accouchement, on rentre à la maison et la vie continue. On n’a pas de suivi concernant l’équilibre qu’on doit trouver entre la vie de femme, la vie de mère et la vie de couple. Et parfois, c’est difficile de savoir comment s’y prendre. Concernant la vie de couple, il existe des solutions et des thérapies si besoin. Pour la vie professionnelle, il y a le congé de maternité ou des pauses-carrière. Mais concernant la vie de femme et le rapport avec son corps, il n’y a pas de « recette miracle » qui va nous guider et nous dire comment récupérer, comment tout va se remettre en place, etc. Comme nous dit Audrey, on est complètement dépossédé de son corps pendant la grossesse, on subit la prise de poids, les hormones, la fatigue et tous ces facteurs qui jouent un rôle crucial sur notre reflet dans le miroir.
Apprivoiser son nouveau corps
« Le plus difficile pour moi, ça a été de me détacher des stéréotypes et de cette fameuse ‘‘normalité’’ de ce que doit être la féminité et le corps d’une femme dans les normes acceptables. »

Audrey est danseuse et son corps est son outil de travail, ça donc été difficile pour elle de voir qu’elle ne rentrait plus dans « les cases » de la société. Malgré les régimes et le sport, elle n’a pas réussi à éliminer tous les kilos qu’elle avait pris suite à ses deux grossesses, et elle a gardé quelques vergetures sur son ventre. D’ailleurs, elle nous explique que celui-ci a été son plus gros complexe pendant plusieurs années. Elle ne voulait pas le montrer, ni qu’on le touche, mais grâce à l’intermédiaire du burlesque et de la danse, elle a appris à se réapproprier son corps qui lui était devenu inconnu. Elle s’est rendu compte qu’on ne peut pas tout modifier et que finalement son corps actuel reflète son corps de maman. Ça fait partie d’une expérience de vie et de son choix de donner naissance. Pour elle, il faut en prendre conscience, l’accepter et se détacher des normes que la société veut nous imposer. Et quand on comprend ça, on arrive à avoir un regarde plus bienveillant envers soi et par rapport aux autres. D’ailleurs, elle nous raconte aussi la perception qu’elle avait par rapport aux hommes et à son nouveau corps :
« À une époque, je t’aurais dit : ‘’je ne suis pas sexy, je ne vais jamais plaire à un homme parce que j’ai ce ventre et que je ne rentre plus dans les ‘’cases’’ Mais maintenant, je me dis que NON. J’ai été enceinte pendant 18 mois, j’ai donné la vie, j’ai subi les contractions, j’ai dormi 2 à 3 heures par nuit, et pour plaire à quel homme finalement ? Ils ne vivront jamais ce que j’ai vécu, ils ne connaîtront jamais ce que c’est. Avoir donné la vie, c’est ma plus grande force et ma plus grande fierté, c’est quelque chose que les hommes ne pourront jamais égaler.’’
La danse et le rôle que ça a joué
Pour elle, le sport de manière générale, est un moyen de sentir son corps en mouvement et de prendre conscience de chaque partie de celui-ci. Le but n’est pas de tomber dans l’obsessionnel en faisant du sport dans le but d’acquérir le corps qu’on voit dans les magazines. Le sport, quel qu’il soit, est bon et conseillé, pas seulement pour la condition physique, mais surtout pour la condition mentale et émotionnelle parce que c’est ce qui va nous permettre de prendre conscience de celui-ci. Et pour Audrey, à partir du moment où on va prendre conscience de son corps, le regard qu’on va poser sur lui sera complètement différent. D’ailleurs, la danse l’a aidé à se reconnecter à sa féminité grâce aux différents mouvements un peu sensuels et sexy qu’elle effectuait, mais aussi parce qu’elle a dû se regarder un nombre incalculable de fois dans le miroir. Tout ça lui a permis de conscientiser son navire et de se rendre compte que son corps n’était pas son ennemi, mais son outil et son habitacle et qu’elle devait en prendre soin.
« Selon le type de danse pratiqué, le fait de poser un regard sur soi dans le miroir, le fait de mettre ce corps en mouvement avec de l’intention, de l’émotion et un but, ça te reconnecte à toi et à ta féminité. »

Ses conseils
Après tant de difficultés à accepter son nouveau corps, Audrey a finalement réussi à s’y sentir de nouveau bien et pour cela, elle partage ses conseils qui serviront autant aux jeunes mamans, qu’aux femmes sans enfant qui ont du mal à aimer leur corps.
- Ne pas mettre de tabou dessus. L’après-grossesse et l’acceptation de son corps sont des choses sur lesquelles il faut communiquer.
- Ne pas culpabiliser. Nous sommes tous des êtres humains imparfaits donc ne culpabilisez pas de vos quelques kilos en trop ou des quelques vergetures que vous avez.
- Ne soyez pas trop dur avec vous-même. Votre corps ne définit en rien qui vous êtes au fond. Ce n’est qu’une enveloppe corporelle qui se façonne au fur et à mesure des expériences de la vie. On ne peut pas tout contrôler.
- Aimez-vous vous-même avant d’aimer votre corps. Une fois qu’on arrive à s’aimer tel qu’on est, notre corps devient notre meilleur allié, peu importe s’il rentre dans les normes ou non.
« Soigne ta blessure de rejet, arrête d’aller chercher cette reconnaissance à l’extérieur et trouves là à l’intérieur de toi, fais de toi ton meilleur allié, aime ton corps, tu n’as pas besoin des autres. »
Finalement, c’est quand même triste de laisser l’opportunité aux personnes extérieures de décider de la manière dont on doit se sentir à l’intérieur. Comme nous explique Audrey, cette problématique de réappropriation de son corps provient d’une des plus grosses blessures de l’être humain qui est la peur d’être rejeté et le besoin de reconnaissance.