La difficulté de trouver du travail après ses études
À l’heure actuelle, où la crise du covid touche en plein cœur certains secteurs et entreprises, il devient de plus en plus difficile pour les jeunes diplômés, sortant d’études supérieures, de trouver du travail. Ou du moins, de trouver du travail dans la branche de leurs études. Nous avons interrogé Fleur (24 ans), diplômée de Relations Publiques depuis septembre 2019. Pendant sa dernière année d’études, elle a suivi une formation en Ressource Humaines, ainsi que l’atelier Google digitale sur le Marketing digital. Malgré son CV bien rempli, Fleur n’a pas trouvé de job dans le domaine de ses études et travaille désormais au call-center pour le tracing du covid.
La sortie des études

Lorsqu’on termine ses études et qu’on a son diplôme en poche, il faut impérativement s’inscrire en tant que demandeur d’emploi au Forem. Dans un premier temps, le conseiller du forem va nous pousser à chercher du travail en lien avec les études qu’on a faites, et c’est là que les entretiens commencent. C’est ce que Fleur a fait, elle a commencé sa recherche d’emploi dès août, en se focalisant uniquement sur les jobs en lien avec la communication et l’événementiel. Après de nombreuses recherches et entretiens qui n’ont pas abouti, elle a finalement trouvé un événement dans lequel s’engager histoire de combler un peu ses semaines. Il s’agissait de « la boîte à chanson » de Francis Lalanne. Mais avec l’évolution de la crise sanitaire, l’événement s’est arrêté en mars et Fleur s’est de nouveau retrouvée sans travail.
Tous les entretiens qu’elle avait de prévu sont tombés à l’eau et elle a dû étendre sa recherche d’emploi, en mettant le domaine de la communication sur le côté. Pendant la période de mars à septembre, elle n’a rien trouvé, car avec le confinement, tout était fermé ou bouché. Elle a finalement été prise dans le call-center pour le tracing du covid-19 et depuis, cela fait 6 mois qu’elle travaille là.
« C’est juste un job pour m’occuper parce qu’il faut bien gagner sa vie et faire des économies. Quand j’ai commencé au tracing, ça faisait quand même du bien, après 1 an "sans rien faire", de me dire que j’étais utile à quelque chose, surtout pendant la crise où là; au tracing, on sert quand même à la population. »
Le sentiment après avoir terminé ses études
Lorsqu’on est en dernière année d’études et qu’on est à deux doigts d’avoir notre diplôme en poche, tout un tas de sentiments surgissent. On se sent anxieux d’entrer dans le monde du travail, mais aussi soulagé d’avoir enfin terminé. Pour Fleur, ce sont le soulagement et la fierté qui ont pris le dessus, car elle s’est dit qu’elle avait enfin réussi et qu’elle était allée jusqu’au bout de ses années d’études. Elle nous explique que les 3 mois qui ont suivi la remise de diplôme, elle se sentait optimiste et pleine d’espoir, elle cherchait du travail et elle attendait des réponses de la part des entreprises. Par la suite, elle s’est rendu compte que le nombre de refus prenait le dessus sur le nombre de réponses positives. Elle a commencé à perdre confiance en elle, à se demander si ce n’était elle le problème, elle se sentait démotivée et inutile de ne pas pouvoir mettre ses compétences à profit. Elle a commencé à perdre confiance en elle, à se demander si ce n’était elle le problème, elle se sentait démotivée et inutile de ne pas pouvoir mettre ses compétences à profit. Lorsque l’opportunité s’est présentée pour le tracing, elle l’a prise, car elle préférait se rendre utile pour quelque chose plutôt que de rester chez elle, sans chômage, à chercher sans cesse du travail.
« Tu perds petit à petit confiance en toi, tu te dis que c’est toi le problème est que s’ils ne te veulent pas c’est qu’il y a un problème. Et puis après c’est démotivant de voir que tu n’y arrives pas. Il y a beaucoup de périodes où s’est compliqué psychologiquement, tu te dis, qu’est-ce que je vais faire, qu’est-ce que je vais devenir ? »
La recherche d’emploi
Lorsqu’on cherche un emploi, il est important de se démarquer, d’avoir un bon CV, d’avoir un bon diplôme, etc. En général, on pense que c’est ce que les recruteurs attendent des demandeurs d’emploi. Mais Fleur s’est rendu compte que ce n’était pas toujours le cas. Lorsqu’elle a commencé à s’ouvrir à d’autres jobs, on lui a dit qu’elle était "trop qualifiée" pour le job. Elle nous dit qu’il y a deux écoles parmi les recruteurs, ceux qui vont dire qu’on est trop qualifié pour eux, et ceux qui trouveront qu’on ne l’est pas assez. Il n’y a pas vraiment de juste-milieu puisque, finalement, toutes les compétences qu’on ajoute à notre CV peuvent jouer en notre défaveur. Fleur nous explique qu’elle a fait beaucoup de bénévolat lors de ses années d’études et que certains recruteurs ne voulaient pas prendre ses compétences en compte, car elle n’avait pas été payée pour le faire.
« On nous fait croire que le monde est plein de possibilités, qu’on peut faire tout et n’importe quoi et que les relations publiques, c’est super ouvert et diversifié, mais je pense que notre bachelier, il est trop ouvert parce qu’il ne destine pas à un seul travail et je pense que ça dérange les recruteurs. »
Lorsque l’on passe des entretiens d’embauche, on n’est pas préparé à toutes les questions qu’on peut nous poser. On a beau anticiper un maximum, on ne nous a jamais appris, à l’école et ailleurs, à répondre correctement aux questions des recruteurs. Fleur nous explique qu’on lui a souvent dit qu’elle était trop ambitieuse parce qu’elle souhaitait gravir les échelons et évoluer dans son job. Peu importe notre réponse, les recruteurs trouveront toujours quelque chose qui ne leur plaît pas. D’après elle, il y a une grande différence entre ce que le monde du travail attend de nous et ce que nous attendons d’eux.
Ses conseils
Après s’être rendue à plusieurs entretiens, Fleur nous donne quelques conseils pour les futurs demandeurs d’emploi, afin que ceux-ci sachent un peu plus à quoi s’attendre lorsqu’ils se retrouveront sur le marché du travail :
→ Bien se renseigner sur l’entreprise pour laquelle vous postulez en consultant son site internet et ses réseaux sociaux. Prenez aussi compte que même si sur le site internet, il est mis qu’il est possible de gravir les échelons, c’est rarement le cas.
→ Lorsqu’on vous demande où vous vous voyez dans quelques années, répondez que vous ne vous mettez pas la pression, que vous n’avez pas d’exigence et que votre but, c’est d’acquérir de l’expérience avant tout.
→ Se faire un carnet d’adresses pendant ses années d’études. Cela peut se faire en faisant du bénévolat, via LinkedIn ou tout simplement en participant à des événements de réseautage.
→ Lorsque vous terminez vos études et que vous avez du mal à trouver du travail, regardez pour faire des petites formations afin d’apporter des compétences supplémentaires à votre CV.
→ Si vous avez l’occasion de vous lancer en tant qu’indépendant, seul ou en groupe, faites-le !
Pour terminer, Fleur aimerait faire passer un message aux employeurs en leur disant que nous sommes une génération qui est beaucoup plus numérique et qui a beaucoup plus de compétences que ce qui est simplement écrit sur le CV. Il faut qu’ils se mettent à la page et qu’ils prennent conscience des nombreuses compétences qu’ont les demandeurs d’emploi d’aujourd’hui.
« On ose beaucoup plus, on a plus d’attente et on prend plus de responsabilités qu’eux à l’époque. Il faut qu’ils revoient leur manière de recruter et de faire passer les tests parce qu’il y a des épreuves de sélection qui n’ont parfois rien à voir avec le poste pour lequel tu postules. Il faut juste donner sa chance aux personnes et si ça ne va pas, tu changes. Ce n’est pas comme s’ils étaient liés à vie avec cette personne. »