Les relations toxiques.. Comment les reconnaître ? Que faire pour en sortir ? Quels conseils ?
Dernière mise à jour : 8 mai 2021
Les personnes toxiques sont partout, que ce soit dans l’environnement familial, amoureux, amical, et même au sein de l’environnement professionnel. Mais qu’est-ce qu’une personne toxique ? Le mot « toxique » provient du latin et signifie « poison ». Les personnes dites toxiques, sont des personnes avec des mauvaises intentions et qui nous empoisonnent donc la vie, que ce soit à travers la manipulation, l’emprise, la jalousie, la domination, etc. Afin de mieux définir ce qu’est une relation toxique, comment la reconnaître et comment en sortir, nous avons recueilli les témoignages de trois femmes. Une jeune femme qui a été en couple avec ce qu’on appelle un « pervers narcissique », une autre qui a eu une relation avec un psychopathe et une autre qui a une relation toxique avec sa maman.
La relation toxique au sein du couple
Le pervers narcissique
« J’ai eu une période où j’ai un peu accumulé les profils manipulateurs / pervers narcissiques, c’était à une période où je n’étais pas assez confiante en moi-même et où je laissais passer beaucoup de choses. Petit à petit, c’est un peu comme si le détecteur s’affinait et c’est surtout au niveau du ressenti que c’est assez impressionnant parce que j’ai re-rencontré la personne toxique avec qui j’ai vécu pendant 1 an et demi, et les mêmes ressentis son revenu malgré le fait que ça faisait 6 ans que je ne l’avais pas revu. Je me suis sentie de nouveau mal à l’aise, coupable de tout, etc., alors qu’il n’y a plus d’enjeux vu que je ne suis plus dans le nœud de la relation. Avec le recul que j’ai maintenant, je me dis que c’est fou comme cette sensation désagréable persiste et qu’une fois qu’il veut recréer un « lien », ça devient de nouveau dérangeant. C’est un mélange de 50/50, c’est-à-dire qu’il peut ré appuyer sur le bouton de la dépendance affective, mais ce n’est pas parce qu’il le fait que tu dois replonger dedans et qu’il aura de nouveau une emprise. J’ai eu une période où j’étais très en colère contre lui, ensuite, il y a eu la phase où je me disais que rien ne me retenait et que je pouvais partir aussi. C’est ce qui est arrivé à la fin, je suis partie quand j’ai commencé à perdre du poids et à tomber malade. Il y a aussi une sensation d’isolement qui se créer, et ce qui est assez impressionnant, c’est que j’en ai reparlé avec lui 6 ans après, et il n’est pas conscient de l’impact qu’il a eu, il pense qu’il était comme un « sauveur » et qu’il était là pour m’aider. Il se mettait dans une position où il se rendait tellement indispensable que je croyais tout ce qu’il disait et que je me disais « ah bah oui, il m’a aidé ». Et après, tu n’arrives plus à te dédouaner de ce lien de dépendance. Il y a eu deux situations clé : la première, c’était à Noël. Mes parents étaient venus et ça ne s’est pas super bien passé et de là, j’ai eu une intoxication alimentaire qui a duré 1 semaine alors que je n’en ai jamais. Par la suite, j’ai eu une formation avec des collègues kiné et à force d’en parler avec elles, elles m’ont montré une vidéo sur le harcèlement moral. Je n’ai même pas su terminer la vidéo tellement j’étais choquée. L’une d’elles m’a donné la clé de chez ses parents pour prendre une semaine loin de lui. Je lui ai donc annoncé que j’allais prendre une semaine pour me reposer un peu, j’étais très stressée de lui en parler et ça m’a demandé beaucoup d’énergie, mais finalement, il m’a dit de rester là et que c’est lui qui allait partir. Et là, je l’ai su, au moment où je lui ai dit que je voulais que ça s’arrête. Il a fallu que je me mette dans la situation pour m’en rendre compte. Ça a vraiment été les malaises, la perte de poids, les maladies et mes amis qui me disaient que ça n’allait pas qui m’ont permis aussi de m’en rendre compte. La sensation la plus bizarre que j’ai eue sur la fin, c’est de me rendre compte que j’avais été tellement formaté à son image que je pensais quasiment comme lui. Je me suis vraiment réveillée un matin en me demandant ce qui se passait et j’ai mis 2 ans et demi à réapprendre qui j’étais moi, et pas à travers le filtre de quelqu’un d’autre. »
Le psychopathe
« Il y a plus ou moins 4 ans, je suis sortie d’une relation qui avait été super fusionnel et qui m’avait laissé avec le cœur brisé. J’ai, par la suite, rencontré ce garçon qui me paraissait aux primes abords inoffensifs et avec qui je suis resté plus ou moins 10 mois. Il faut savoir que quand je l’ai rencontré, j’avais le cœur brisé parce que je venais de manquer l’homme de ma vie, donc mes défenses étaient bien basses. En tant que psychologue, je suis au courant de mes propres faiblesses et blessures, et j’ai un peu le « syndrome du sauveur », qui est là pour réparer les personnes brisées, ce qui était un peu son cas. Ce qui me plaisait aussi chez lui, c’était que j’avais l’impression de pouvoir être moi-même et de pouvoir me montrer telle que j’étais. Pendant des jours, il me posait énormément de questions, et moi, je prenais ça pour de la complicité, mais il s’est avéré qu’en réalité, il était en train de collecter intelligemment des données sur moi et sur mes faiblesses. Les premiers mois, c’était très fort, on partait en vacances, il me faisait des cadeaux, etc., mais parfois, il avait des paroles un peu bizarres. Je n’y prêtais pas attention parce qu’elles étaient toujours enrobées dans des « je t’aime » ou des trucs mignons. C’est quand la relation s’est terminée que je me suis rendu compte de ses paroles. Mais là où ça a commencé à poser problème et où la violence s’est installée petit à petit, c’était au niveau de la sexualité. Il ne voulait pas qu’on couche ensemble, alors qu’au début, on le faisait sans problème et il utilisait ça comme un moyen de pression pour me faire me sentir pas désirable. Mais d’un autre côté, il me disait que j’étais la plus belle, etc. Donc ça me faisait me demander s’il n’y avait pas quelque chose qui clochait chez moi. Il avait aussi des réactions bizarres, il s’énervait vite, mais tout ça était toujours enrobé dans des paroles mignonnes donc ça a endormi totalement ma méfiance. Par la suite, il a commencé à utiliser la violence psychologique en me disant que j’étais la plus belle et puis après, il me disait que j’étais molle et fade, donc il y avait tout et son contraire. Il refusait de me donner de l’affection, il me faisait du chantage, etc., donc ce n’est pas un pervers narcissique, mais un psychopathe. Et en plus de ça, il était alcoolique. Au début, je ne m’en étais pas rendu compte parce qu’il se cachait, mais il a vite arrêté de se cacher. Et moi tout innocemment, je me disais que ses réactions bizarres provenaient de son alcoolisme. Et puis la violence physique est arrivée. Beaucoup de personnes seraient parties suite à ça, mais ce qui m’a fait rester avec lui, c’est que je ne me voyais pas comme une victime. Pour moi, je n’étais pas victime de violences, mais j’étais une femme bienveillante, intelligente et la seule à pouvoir le sauver. Et quand j’ai commencé à me rebeller un peu et qu’il a senti que j’étais sur le point de partir, il m’a acheté un chat, parce qu’il savait que les animaux, c’était ma corde sensible. Et il a de nouveau été violent par la suite.. C’était de pire en pire jusqu’au jour où il a tout simplement refusé de me faire un câlin et que là, je me suis dit « non ». Donc j’ai pris mes affaires et je suis partie en plein milieu de la nuit. Et je ne l’ai plus jamais revu depuis. »
La relation toxique au sein de la famille
« La relation toxique que j’ai est avec ma maman. Ce qui se passe, c’est que c’est une personne qui pense qu’elle a toutes les maladies possibles et donc elle a un mental et une attitude d’enfant. Par exemple : elle va toucher de l’argent de la mutuelle, car elle ne travaille pas, et au lieu de payer ses factures avec cet argent-là, elle va utiliser cet argent pour se faire plaisir et s’acheter des choses pour elle qu’elle n’a pas forcément besoin. Elle ne prend pas en charge sa vie et n’a aucune responsabilité, ce qui fait qu’elle ne s’occupe pas de moi qui suis son enfant. J’ai toujours dû m’occuper d’elle, à lui dire de payer ses factures, lui rappeler de faire des courses, etc. Je me suis tellement occupée d’elle que j’ai fini par me rendre compte que je ne savais pas qui j’étais. Le déclic s’est fait lorsque j’ai rencontré ma compagne. Elle a une relation totalement normale et saine avec sa famille et elle a commencé à me faire gentiment remarquer qu’il y avait des choses qui n’allaient pas avec ma maman et que ce n’était pas mon rôle de faire certaines choses. Petit à petit, je me suis posé des questions, j’ai analysé les familles autour de moi et j’ai commencé à en parler, parce que, avant, je n’en parlais pas car, pour moi, c’était devenu une norme de m’occuper d’elle. Et c’est au fur et à mesure que je me suis rendu compte que non ce n’était pas normal. C’est devenu tellement épuisant, que j’ai décidé de couper les ponts avec elle. Au moins le temps que je sache qui je suis et qu’elle prenne conscience du mal qu’elle fait et que les rôles se ré-inverses. Mais elle ne supporte pas que je sois pleinement heureuse, donc quand je fais une activité ou que je suis au travail, elle m’envoie un message avec une petite pique ou un reproche pour casser le truc et que mon intention soit tournée vers elle. »
Quelques conseils pour reconnaître une relation toxique et en sortir
- Prendre du recul en s’éloignant de la personne et en n’étant pas en contact avec elle, que ce soit physiquement ou par messages. Ça permet de se détacher du monde où on est tout le temps stimulé par cette personne et à passer dans un espace où c’est nous qui reprenons le contrôle.
- Écouter ce que vos amis disent parce qu’ils ont un point de vue extérieur qui peut nous permettre de nous rendre compte de certaines choses.
- Être à l’écoute de votre intuition, quand on sent qu’il y a quelque chose de bizarre et qui ne va pas. À partir du moment où on se pose des questions, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche.
- S’écouter soi et écouter son corps parce qu’il nous envoie des signaux quand ça ne va pas.
- S’entourer de bonnes personnes qui sont à l’écoute et compréhensives.
- Observer son entourage pour voir s’il y a des similitudes par rapport à notre situation ou si ce n’est comme ça que chez nous.
- Ne pas se culpabiliser. Il n’y a pas de honte à avoir et ça ne fait pas de nous quelqu’un de faible.
- Définir un mot de code avec un ami pour le jour où on décidera de partir et préparer un plan d’action.
Si vous êtes ou avez été dans ce genre de relation où vous avez perdu totalement le contrôle de vous-même, ne soyez pas trop dur avec vous-même et ne culpabilisez pas. Ça ne fait pas de vous une personne faible ou moins intelligente. Vous faites de votre mieux, et parfois, ces personnes sont tellement douées pour cacher leur vraie nature, qu’il est difficile de ne pas tomber dans le panneau. Le tout, c’est de réussir à en sortir quand on sent qu’on n’en peut plus, et de ne pas laisser cette relation changer totalement qui on est. N’hésitez pas à en parler autour de vous, à voir un psychologue, et à prendre le temps de vous reconstruire entièrement.
« On peut être féministe, avoir un diplôme en psycho et avoir un fort caractère, on peut quand même être victime et ce n’est pas honteux. »