Zoom sur Jordy, un jeune homme au parcours atypique

Parce qu’au Care Bar, on aime innover, c’est aujourd’hui un homme que nous avons rencontré pour vous : Jordy, qui est aussi le compagnon de notre Laura. À l’âge de 27 ans, Jordy travaille en tant que conseiller commercial dans une banque en Belgique.
Le parcours de Jordy est assez atypique. Grand passionné de sport et plus principalement de foot, Jordy se voyait travailler là-dedans comme il l’avait toujours souhaité, mais les choses ne sont pas passées comme prévu. Il a eu beaucoup de mal à trouver sa place au sein de ses études et rester concentré jusqu’au bout. Entre la pression de ses parents, son rêve qu’il a dû mettre de côté, l’importance d’être bien entouré pour réussir et s’épanouir, Jordy se livre un peu à nous dans cet article et nous donne ses perceptions concernant la vie, l’entourage et la réussite.
L’entourage
Pour Jordy, l’entourage est super important. D’un point de vue professionnel, c’est ce qui nous apporte des connaissances supplémentaires de celles qu’on apprend sur les bancs de l’école. Il nous explique que s’il ne s’était pas bien entouré professionnellement parlant, il n’aurait pas le « background » qu’il a actuellement. Pour lui, le diplôme n’est pas ce qui est le plus important – Parce que beaucoup de personnes réussissent sans avoir forcément fait des études. Ce qui importe, c’est notre capacité de mettre en pratique ce que l’on sait.
D’ailleurs, Jordy a eu beaucoup de difficultés à se concentrer et à se motiver pendant ses études et étant une personne qui a besoin qu’on le pousse un peu et qu’on lui mette la pression, il avait du mal à avancer. Il nous explique que l’entourage qu’il s’est fait après sa deuxième année d’études en RP a été ce qui a tout déclenché en lui. Il a commencé à voir ses études et sa vie autrement et a commencé à réellement s’investir dedans. Il nous encourage à s’entourer des bonnes personnes, car c’est comme ça qu’il a pu sortir la tête de l’eau et arrivé où il est aujourd’hui.
« Je ne peux pas dire aujourd’hui que j’ai réussi parce que j’ai encore plein d’objectifs et de projet que je n’ai pas encore accomplis, mais c’est dans une bonne voie. Je lisais une phrase tout à l’heure qui disait « Si ton toi d’il y a 5 ans voyait ce que tu fais aujourd’hui, est-ce que tu penses qu’il serait fier de toi ? » Quand je me vois il y a 5 ans, je n’avais rien à voir avec la personne que je suis aujourd’hui. La réussite, elle est à la portée de main de tout le monde, si on veut, on peut. »
La pression des parents
Jordy nous raconte que ses parents avaient pour conviction d’offrir à leurs enfants ce qu’eux n'avaient pas pu avoir en Afrique. Et pour cette raison, ils tenaient absolument à ce que leurs enfants fassent des études et ressortent avec un diplôme. Le rêve de Jordy de jouer au foot intéressait peu ses parents, même si ceux-ci auraient été contents de voir leur fils réussir là-dedans, mais ils préféraient que Jordy ait un vrai diplôme en poche. Ils ont donc soutenu leur fils durant toutes ses années de secondaires et arrivé en Relations Publiques, ses parents ont eu un peu de mal à le suivre. À l’époque, on ne connaissait pas encore tous les nouveaux métiers qu’il y a maintenant et qui continuent à se développer.
Du coup, ses parents ne comprenaient pas trop comment il pouvait réussir là-dedans. Après sa réorientation en RP, Jordy a eu beaucoup de mal à se concentrer, à s’investir dans ses études et ses parents, qui ne le soutenait pas pleinement ne l’aidait en rien. C’est grâce à la pression qu’il s’est mis en voyant toutes les personnes autour de lui avancer et à l’arrivée de Laura dans sa vie, qu’il a réussi à se recentrer et à terminer ses études.
« Le problème, c’est qu’ils nous mettaient une certaine pression donc pour eux à l’époque c’était « soit tu es médecin, soit tu es avocat » mais il n’y avait pas d’autres diplômes. Ils n’avaient pas la connaissance d’autres formations qui existaient. Ils ont dû s’y faire parce qu’on n’a pas tous la capacité d’aller à l’université ou de faire de longues études, ils ont dû s’adapter et accepter ce qu’on voulait faire. »
Son conseil pour les étudiants dans le même cas que lui
En tant que jeune travailleur et ancien étudiant avec des difficultés, le seul conseil qu’il a à donner est le suivant : accrochez-vous à ce que vous voulez vraiment et ne lâchez pas l’affaire. Parfois, on n’a pas ce qu’on veut dans la vie et on est obligé de prendre ce qui vient à nous, au moins le temps de trouver quelque chose dans le domaine qui nous passionne vraiment.
Il faut être guidé par sa détermination et son envie de percer dans le domaine qui nous plaît. L’entourage à une certaine importance dans la construction de la vie adulte, mais pas totalement. La vie n’est pas gérée par les parents et par les gens qui nous entourent. Ils sont là pour nous guider, mais ce n’est pas à eux de prendre des décisions à notre place. C’est notre personnalité, ce qu’on aura appris à l’école et en dehors qui seront déterminants pour nous.
« J’ai connu des moments difficiles, des moments de doute où je pensais que je n’allais pas y arriver, mais à chaque fois, après une bonne nuit, je me disais « regarde déjà où tu es arrivé, ce n’est pas à cause de telle ou telle chose que tu vas arrêter tes projets. ». Il ne faut pas lâcher l’affaire et se dire que ce n’est pas facile tous les jours, mais que si tu le veux, tu vas y arriver. »
Le care bar
En tant que compagnon de Laura, Jordy suit le Care bar depuis son lancement. C’est, pour lui, le plus gros projet de sa vie qui s’est réalisé et l’expérience la plus enrichissante et difficile à la fois à cause de ces derniers mois. Il nous explique qu’il a dû raccrocher ses rêves à ceux de Laura et repousser ses projets d’entreprenariat à plus tard. Le travail qu’il fait actuellement n’est pas du tout ce qu’il a envie de faire dans la vie, même s’il adore l’aspect financier, mais n’a pas le choix que de le garder s’il veut survivre à la crise. Pour lui, le plus important n’est pas de lancer ses rêves, mais de se mettre en sécurité avant tout.
Aujourd’hui, il est heureux de voir ce que le Care bar est devenu et pense qu’il serait possible de l’agrandir davantage en y intégrant également les hommes. Avec la crise actuelle, les jeunes garçons sont un peu perdus dans ce qu’ils font et ne savent pas trop comment gérer leur quotidien, comment se développer. Jordy pense que le Care bar pourrait les aider, autant qu’il aide les femmes, si celui-ci s’ouvrait aussi aux hommes.
« Le Care Bar au féminin, je pense qu’il pourrait marcher aussi sur les hommes. Avec ce qui se passe aujourd’hui, il y a moyen de développer quelque chose. On y a déjà pensé et on en a déjà parlé, mais pour le moment, je ne suis pas encore prêt. Laura a cette capacité à rester concentrée, à faire ses tâches en temps et en heure, chose dont moi j’ai encore du mal. »
La place de la femme dans la société
Jordy vient d’une famille principalement composée de femmes. Pour lui, les femmes sont super importantes, ce sont des super-héros. Il nous explique que le problème de la société actuelle, c’est que certains hommes pensent encore que c’est à eux de ramener l’argent dans le foyer et que ce sont eux la figure de « force ». Or, certaines femmes sont parfois capables de faire beaucoup mieux qu’eux. Jordy nous dit que pour lui, c’est essentiel que la femme retrouve sa place et sa qualité humaine dans la société et que pour que cela fonctionne, il faut que les hommes s’en rendent compte.
C’est pour cela qu’un endroit comme le Care bar doit pouvoir apporter ce message aux femmes en montrant qu’elles ne sont pas seules et qu’elles sont capables de faire tout ce qu’elles veulent sans avoir forcément besoin d’un homme à leurs côtés.
« On voit cette phrase partout ‘oui, c’est l’homme de ma vie, c’est lui qui me rend heureuse, etc.’ mais ce n’est pas vrai. Aujourd’hui, une femme elle doit pouvoir s’émanciper et pouvoir construire son propre bonheur, monter ses propres choses, ses propres objectifs, elle ne doit pas avoir besoin d’un homme pour faire ce qu’elle veut. Et je suis fière de dire que si je n’étais pas là, Laura elle serait quand même là où elle est aujourd’hui. Je pense que la femme doit pouvoir se laisser aller, personne ne doit lui dire quelque chose. »
Le racisme
En tant que personne avec des origines étrangères, Jordy nous raconte qu’il n’a été victime de racisme en face, qu’une seule fois. Ça s’est passé lorsque avec son club de foot, ils ont joué contre un autre club. Jordy nous confie qu’il connaît ses qualités en tant que footballeur et qu’il peut être un cran au-dessus de certains joueurs. Cela n’a pas plu aux joueurs de l’équipe adverse qui n’ont pas arrêté de le martyriser et de lui donner des coups. Jordy est quelqu’un de nature très calme, mais en a eu marre et a donc décidé de quitter le terrain énervé et attristé par ce qui venait de se passer. Suite à ça, un des supporters a dit, dans son dos évidemment, qu’il ne méritait pas d’être sur le terrain et que c’était toujours les Africains qui « foutaient la merde ».
Il nous explique que, pour lui, le racisme n’est plus ce qu’il était à l’époque, ce sont juste des personnes frustrées de voir d’autres personnes, différentes d’elles, réussir. Il l’a remarqué aussi au travail, car parfois, certaines personnes sont surprises, voire même choquées de voir une personne arabe ou africaine au guichet d’une banque. Le problème dans la société d’aujourd’hui, c’est que les gens sont égoïstes et qu’ils ne se réjouissent pas de la réussite et du bonheur des autres. Au lieu de s’entraider et de soutenir mutuellement, certaines personnes vont préférer marquer les différences ce qui crée des fossés entre nous.
« Le problème aujourd’hui, c’est que certaines personnes pensent qu’elles sont meilleures que les autres. Et ça leur fait mal de se dire que d’autres personnes peuvent être meilleures qu’elles. Du coup elles préfèrent remettre la faute sur la différence. »